N°33 fév - mars 06 |
Résumé du séjour au Panama, de Colon à Panama City avec la traversée du canal, de février à mars 2006.
Du 19 février au 10 mars 2006, 19 jours, c'est le temps qu'il nous a fallu pour planifier, préparer, traverser les 60 km du Canal de Panama et procéder aux derniers préparatifs avant les premières navigations dans le Pacifique. Le début de nouvelles aventures à travers un nouvel océan. À la porte de l'Atlantique, à la marina de Panama Yacht Club de Colon (27 US$ par jour) nous retrouvons les bateaux Laura et Catimini. Grâce à eux, les contacts sont pris immédiatement avec Stanley, l'agent officiel qui doit organiser notre immigration et la traversée du canal. Une personne de confiance qui nous a rendu tous les services possibles dans cette ville de Colon qui est en ruine mais où l'on peut trouver presque tout avec son appui. Les démarches pour l'immigration sont compliquées, réparties dans plusieurs bureaux en ville, mais peu coûteuses (11 US$ par personne). Stanley nous achète des jerricans supplémentaires pour le diesel, nous met en contact avec un frigoriste, un réparateur de voiles, un agent de douane pour récupérer 3 colis UPS (nouveau génois, nouveau moteur de léolienne, nouveau téléphone Iridium). C'est lui aussi qui fournit le matériel nécessaire pour la traversée du canal. Une dizaine de pneus pour la protection des coques et 4 aussières de 40 mètres pour les attaches dans les écluses. Le coût du passage du canal est de 600 US$, y-compris le pilote obligatoire à bord. Nous verserons encore 250 US$ à Stanley pour ses services et les achats faits par son intermédiaire. Le 23 février 2005, nous faisons notre première expérience de la traversée du canal à bord du bateau Laura comme équipiers avec Jean-Philippe. Partis à 17h00 de la marina, une pilotine amène le pilote obligatoire à bord. Nous entrons dans la première écluse à 18h30 avec deux autres monocoques qui se viennent se mettre à couple derrière un énorme cargo. À la lumière des projecteurs, dans la nuit, les hommes à terre lancent de chaque côté de l'écluse les pommes de touline qui nous permettent d'accrocher les amarres préparées à bord. Une ambiance féerique de cinéma. Dès que les portes sont fermées, l'eau entre par gravité depuis le lac Gatun. En quelques minutes, l'écluse est remplie. Nous tendons en continu les amarres aux winchs lors de la montée pour maintenir les bateaux au milieu de l'écluse. En tout, en 3 passages, nous montons de 26 mètres jusqu'au niveau du lac. Chaque écluse fait 33,5m de large par 305m de long. Tout le système date de la période de construction, y-compris les portes terminées en 1914. Le Lac Gatun est tellement grand que l'eau n'est pas récupérée après chaque manuvre. Cela représente 88'500m3 qui partent à la mer. Il est 21h00 lorsque les bateaux arrivent au Lac où l'on voit comme en plein jour, mais dans une ambiance de rouge et de jaune. Nous passons la nuit amarré à une énorme bouée. Le lendemain, le pilote nous rejoint à 06h45 pour la deuxième partie de la traversée. La navigation sur le Lac Gatun, génois moteur, se fait dans un environnement digne de l'Amazone. Petits fourreaux, passages entre des îlots, jungle tout autour. Nous empruntons le passage du "Banana Cut", une voie qui évite le chenal principal sur environ 6 miles. Le défilé des cargos est incessant. Plus de 40 bateaux passent le Canal par jour. Cela représente un chiffre d'affaires de 600 millions US$ par an avec un bénéfice estimé de 1 million US$ par jour. Nous observons ces travaux de titans réalisés au début du XXème siècle entre 1903 et 1914. Le 1er projet du Français Lesseps, datant de 1886, a dû être abandonné. Problème d'évacuation des terres excavées. Il a été repris et mené à bien par l'Américain Stevens. Ce sont d'ailleurs les Américains qui gèreront les opérations jusqu'au 31 décembre 1999. Depuis, le Panama a repris le contrôle du Canal. Une affaire en or. La profondeur est de 15 mètres minimum et les berges ont été taillées à 45 % par palier pour éviter l'érosion. Un projet d'agrandissement est déjà planifié qui pourrait permettre aux plus grands pétroliers de passer. 10 ans de travaux, qui ont déjà commencé, avec de nouvelles écluses. Passé la falaise de Gold Hill, les bateaux passent sous le Pont du Centenaire, magnifique ouvrage datant de moins de 10 ans. Ce 24 février, à 12h30, après avoir avancé au maximum pour mieux attendre, nous arrivons à l'écluse de Pedro Miguel. Malgré le vent, les manuvres se font sans précipitations. Seuls dans l'écluse, les voiliers descendent de 10 mètres pour rejoindre, toujours à couple, les deux dernières écluses de Mira Flores, un mile plus loin. Il est 13h30 lorsque le voilier Laura flotte pour la première fois sur les eaux du Pacifique. Champagne sous le Pont des Amériques, symbole de la réunion des deux continents américains. Une expérience fabuleuse. Nous laisserons Laura et nos amis de Tangara au mouillage de Amador au bout de la presqu'île de Flamenco. Attention de tenir compte des 4 à 5 mètres de marée avant de jeter l'ancre. Nous rejoignons pour une soirée nos amis de Pingouin, Fred et Anna, qui ont acheté un splendide appartement à la Punta Pacifica, tower Ocean Park, au 21ème étage. 250 m2 avec une vue magnifique sur la baie. Le 25 février 2006, nous nous rendons au vaste Terminal National des bus pour un retour express à Colon en 1h30 pour 2,5 US$ par personne....Mais tout se passe trop bien. Nous avons complètement sous-estimé l'importance de la période du carnaval qui démarre le 26 février. Notre passage avec Alizé est reporté du 27 février au 8 mars, puis au 14 mars, sans explication. L'intervention du Consul de France, rencontré à Panama City n'y changera rien. Seul moyen confirmé pour éviter ces retards, payer un pilote privé pour la modique somme de 2'250 US$. Le 3 mars, nous nous résignerons à faire cette dépense pour respecter notre programme de navigation avec Jean-Philippe, faute de quoi il n'aura pas le temps de visiter les Galapagos. Notre ami Italien, Ottavio, sur son splendide Bénéteau 57, Mahureva, fait la même démarche. À partir de là, tout va très vite. Notre passage est fixé au 5 mars, traversée en un jour. Nous partageons les frais avec Jean-Phi, Elisabeth, Etienne et Bernard pour qui c'est la dernière chance de vivre cette expérience. Nous serons 9 adultes à bord avec Anne et Oliver, présents malgré une entente qui se détériore. Le 4 mars, nous quittons avec plaisir la Marina de Cristobal et sa pollution extrême pour nous amarrer à une des grosses balises limitant la zone d'attente (impossible de mouiller dans la vase du fond qui ne tient pas). Nous laissons là Téa, Catimini et Méroé qui préfèrent attendrent le retour des choses normales. Le 5 mars à 04h30, contacté par VHF 12, Rudy, notre pilote privé, monte à bord. La sortie de la première écluse est très chaude. L'énorme cargo devant nous crée des remous incroyables en mettant ses hélices à fond. Tout se passera bien par la suite. Après 3 bouteilles de champagne vidées après chaque écluse, nous entrons dans le lac Gatun à 08h15. Avec le genaker, nous traversons rapidement les 30 miles du lac jusqu'à l'écluse de Pedro Miguel. En passant les écluses suivantes de Mira Flores, nous hissons les grands pavillons Suisse et Vaudois, sachant que nos amis Suisses nous voient en direct grâce aux Webcams installées ici. Il est 14h00 lorsque nous passons sous le Pont des Amériques. C'est fait, nous sommes dans le Pacifique. Nous retrouvons les bateaux Laura et Tangara au mouillage à Amador. Belles retrouvailles. Nos équipiers d'un jour nous quittent pour rentrer en France. Anne et Oliver qui étaient censés nous accompagner jusqu'en Polynésie proposent de débarquer, une sage décision que nous acceptons de suite. Jusqu'au 10 mars, à la Marina de Flamenco, parfaitement équipée (pour 1,75 US$ / pied = 72 US$ par jour !!!!!), nous procédons aux derniers préparatifs, entretiens, vidanges, pleins, nettoyages et achats. Nous laissons Fred et Anna qui va bientôt accoucher de jumeaux dans leur magnifique appartement avec leur statut de résident Panaméen. L'entente avec Jean-Philippe est parfaite. Le vendredi 10 mars, nous quittons Panama City en compagnie de Tangara et Laura sur une mer d'huile pour rejoindre l'Île de Casaya, dans l'archipel des Perlas, 38 miles au Sud-Est. Des conditions idéales. Nous voilà enrichi d'une expérience supplémentaire fantastique. Nous avons beaucoup appris et il nous reste tant de choses à voir dans ce grand océan Pacifique qui ne porte pas si bien son nom. Mais ça ce sera pour les prochaines news n° 34.
Amitié à tous
Jacques, Vivianne et Benjamin
Les photos de notre séjour à Panama et de la traversée du canal
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